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Disney News
23 décembre 2021

AFFAMÉS : Notre Avis !

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Scott Cooper, réalisateur rendu célèbre pour son exploration de la condition humaine, a un large éventail de films à son actif. De la face cachée de la dépendance à l’alcool dans le monde de la musique country dans CRAZY HEART au drame familial douloureux qui hante le thriller LES BRASIERS DE LA COLÈRE, ou encore à son traitement original du parcours d’Amérindiens dans son western HOSTILES, Cooper a cherché à bousculer nos attentes face à des genres codifiés.
Avec AFFAMÉS, le réalisateur a saisi l’occasion de s’atteler au cinéma d’horreur traditionnel et de collaborer avec le maître du genre, Guillermo del Toro, un homme qui n’a pas son pareil pour raconter avec audace des histoires de monstre.

Synopsis :
Dans une petite ville minière de l’Oregon, une institutrice et son frère policier enquêtent sur un jeune écolier. Les secrets de ce dernier vont entraîner d’effrayantes conséquences.

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AFFAMÉS, est l’adaptation de la nouvelle « The Quiet Boy » de Nick Antosca, également scénariste du film avec C. Henry Chaisson, avec qui il a créé la série anthologique « The Act » disponible sur Hulu aux États-Unis. Réalisé par Scott Cooper qui réussit avec succès et dextérité à traverser les genres avec des longs-métrages superbement réussis, il s’offre ici une incursion dans le cinéma d’horreur, et poursuit alors son sans-faute cinématographique initié en 2009 avec CRAZY HEART.
Co-produit par Guillermo Del Toro, on pouvait donc s’attendre à découvrir une créature monstrueuse, et le moins que l’on puisse dire, c’est que celle-ci s’avère particulièrement effrayante et fera bondir de peur plus d’un spectateur à chacune de ses apparitions à l’écran.

En effet, la créature que l’on retrouve dans AFFAMÉS n’est autre que le wendigo, énième itération de la légende amérindienne que l’on commence à croiser assez (trop ?) souvent dans les films d’épouvante comme SIMETIERRE, VORACE ou THE DESCENT. Contrairement à ces derniers, Del Toro et Cooper tenaient particulièrement à ce que la créature d’AFFAMÉS soit respectueuse du mythe amérindien dont elle s’inspire. Et tout comme Sasquatch, la créature légendaire du Nord-Ouest Pacifique (alias Bigfoot), le wendigo est tout aussi ancré dans les récits traditionnels que dans l’imagination des adeptes du folklore. Les producteurs ont collaboré avec la consultante des Peuples Autochtones, Grace L. Dillon, ainsi qu’avec plusieurs membres et spécialistes de la communauté amérindienne pendant que l’équipe menait ses recherches et filmait certains rites du folklore et de la culture des Amérindiens.
Dans la mythologie des tribus algonquiennes originelles installées dans les forêts du nord de la Nouvelle-Écosse, sur la côte est du Canada et dans la région des Grands Lacs, le wendigo (aussi appelé « windigo » et « wetiko ») fait généralement référence à un cerf mythologique qui représente la créature et/ou qui est la manifestation d’un esprit maléfique. Le wendigo est largement reconnu pour être destructeur et cannibale, associé à l’hiver, au froid et à la faim. Il est présent dans les croyances traditionnelles de nombreux peuples de langue algonquienne, notamment les Ojibwés, les Saulteaux, les Cris, les Naskapi et les Innus.
Maintenant que vous en savez un peu plus sur cette créature légendaire, nous vous laissons vous imaginer ce que le film vous réserve.

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Outre son monstre dévoreur, qui fait à l’évidence son effet, le casting de AFFAMÉS est également un gros point fort.
Pour les acteurs principaux, le réalisateur et le producteur ont fait appel à Keri Russell, primée au Golden Globe, et Jesse Plemons, nommé à l’Emmy, estimant à juste titre qu’ils sauraient incarner à la perfection un frère et sa sœur en proie à leurs propres démons (au sens propre comme au figuré). Et ils ne se sont pas trompé, les deux acteurs sont à la fois crédibles et attachants, incarnant des personnages qu’on rencontre rarement dans le cinéma d’horreur.
Cooper et Del Toro ont aussi déniché deux jeunes acteurs qui livrent des prestations exceptionnelles : les frères de cinéma Lucas et Aiden Weaver, interprétés respectivement par Jeremy T. Thomas et  Sawyer Jones.
Enfin, Scott Haze, campe Frank Weaver, le père qui se transforme en bête.

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Dans AFFAMÉS, on retiendra également l’intelligence avec laquelle Scott Cooper a réussi à faire cohabiter deux courants très forts : le réalisme chère au cinéaste nimbé de fantastique.
Pour le côté réaliste, le long-métrage nous invite dans une ville minière désindustrialisée, à l’agonie, peuplée d’horribles familles dans lesquelles les enfants sont martyrisés et violés. Ceci permettant également d’attirer l’attention sur le sort des petites villes américaines livrées à elles-mêmes.
Pour le côté fantastique, le film nous met face à une menace palpable qui se révélera être bien réelle malgré son caractère mythologique. Ce wendigo, ici, allégorie exterminatrice de la Nature, se venge de l’être humain qui l’a si longtemps saignée, éventrée et vidée de toutes ressources. Mais dans cet univers qui semble sur le point de non-retour, les personnages de Julia et Lucas font office de lumières. Luttant contre leurs propres démons, ils sont l’incarnation du bien et chacune de leurs actions est réalisée en ce sens, comme protéger un enfant, protéger la population toute entière en sacrifiant son bien-être personnel… Ils représentent le petit rayon d’espoir dont l’humanité a besoin.
Toutefois, le ton général du film, jusque dans son final, n’est pas à l’espoir. Ce mal qui ronge l’humanité est transmissible et semble inarrêtable, qu’importent les sacrifices auxquels les héros acceptent de se plier. Autant dire que l’ambiance du film de Scott Cooper est extrêmement lourde et sombre, voir même parfois dérangeante. D’autant plus que longtemps plane l’ombre de cette créature mystique qui n’est cependant jamais révélée totalement, une approche toujours aussi efficace, la rendant encore plus belle et impressionnante.
AFFAMÉS, est clairement un long-métrage ancré dans la réalité et un réel absolument sordide, peut-être même trop au point qu’il s’avère plus effrayant que les éléments d’horreur pure et dure.
Enfin, comment ne pas parler de la photographie, et des effets spéciaux qui donnent à ce film une vraie touche de qualité comme il en est rare de trouver dans un film d’horreur. 

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Avec AFFAMÉS, Scott Cooper, nous livre un film à l’ambiance véritablement angoissante mis en scène de façon exemplaire. Certes celui-ci n’est pas sans défauts mais on lui pardonnera rapidement, tant les qualités de ce long-métrage sont nombreux. Scénario solide qui fait se rencontrer deux genres à l’extrême opposé, décors magnifiques, créature monstrueuse, casting talentueux (le jeune Jeremy T. Thomas en tête) font de AFFAMÉS, une œuvre clairement qualitative.
On appréciera également cette expérience pour son côté « old-school », loin des codes que proposent le cinéma d’horreur actuel. Proposant des séquences d’une violence et d’une brutalité incroyables, AFFAMÉS peut être aussi triste dans son propos, car traitant de la dépression, ses ravages et de la maltraitance enfantine.
Loin d’être parfait, mais diablement efficace AFFAMÉS est une excellente surprise, une expérience terrifiante qui vaut clairement le coup d’être vu.

 

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